Vandermaelen, Philippe [1827 - 1869+] ¨ Bruxelles
(Bruxelles, 1795 – Bruxelles, 1869)
Né le 23 décembre 1795 ; mort le 29 mai 1869. Géographe, membre effectif de l'Académie royale de Belgique, classe des sciences, à partir de 1829. . Chevalier de l'ordre de Léopold. Membre de l'Académie des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique et d'un très grand nombre de société scientifiques.
Il publie l'Atlas universel de Géographie physique, politique, statistique et minéralogique, à l'échelle du 1.641.836e (ou d'une ligne pour 1900 toises), 400 feuilles, 6 volumes, lithographié par Ode (voir ce nom) en 1827, grand in-folio. L'ensemble a paru en 40 livraisons de 10 cartes à partir de 1825, de six en six semaines d'abord, de cinq en cinq semaine ensuite. C'était le premier atlas de cartes à échelle constante qui pouvaient être assemblées sur un globe.
Dans une lettre adressée au journal La propriété industrielle, reproduite par Luthereau, p. 53-54, Jobard parle d'une proposition d'association :
C'est à la même époque [1828] que […] le célèbre Engelmann est venu me proposer une association avec lui, comme l'a fait M. Vandermaelen, lequel a gagné beaucoup d'argent avec mes procédés et les graveurs que j'avais formés.
Jobard fait ici certainement allusion à Jean-Baptiste Collon : en 1829, on annonce la parution d'une carte d'Europe, lithographiée sur une pierre de dimensions exceptionnelles :
L’Atlas des cartes géographiques
Nous avons fait connaître l’atlas des journaux imprimé à Londres ; nous annonçons aujourd’hui l’atlas des cartes, et c’est encore aux soins et à la fortune de M. Vandermaelen qu’on le devra ; cette carte, toute d’une pièce, est celle de l’Europe, elle est gravée sur une pierre lithographique de plus de deux mètres de longueur sur un mètre et demi de large. Six dessinateurs y travaillent ensemble ; on a fait un voyage exprès aux carrières de la Bavière pour se procurer cette belle pierre ; on fait construire exprès une presse pour l’imprimer, et on fera bâtir une machine et peut-être une papeterie, pour former la feuille de papier sur laquelle elle sera imprimée (L'industriel ou Revue des Revues, t. 2, 1829, 2e semestre, p. 328).
Cet Atlas de l'Europe, au 600,000e, en 165 feuilles, est réalisé en 1829-1830. Le prospectus de cet atlas (exemplaire à la KBR) indique : Atlas de l'Europe, gravé sur pierre, sous la direction de J. Collon.
Le grand atelier lithographique de cartographie de Vandermaelen, officiellement fondé en 1830 par Philippe et son frère Jean-François (qui s'intéresse davantage à la botanique), fonctionne déjà avant 1830, mais s'appelle alors "Ateliers de la carte de l'Europe" :
De réputation européenne, l'établissement géographique comprend un atelier lithographique pour l'impression des cartes géographiques, sous la direction de Jean-Baptiste Collon (voir ce nom). Il se charge de tous travaux lithographiques, cartes géographiques, topographiques, hydrographiques, géologiques, documents pour les charbonnages, les chemins de fer, etc. et tous autres documents cartographiques, mais aussi dessin au traits, écritures en tous genres, publicités. Il imprime par exemple un plan avec une publicité pour l'hôtel de Belle-Vue.
En outre, cet établissement contient d'importantes collections, une importante bibliothèque, notamment de journaux et devient un centre scientifique fréquenté par de nombreux savants, des collections géologiques et botaniques et des serres.
Lecteur du Globe, Vandermaelen propose aux saint-simoniens d'échanger une collection complète du journal contre un exemplaire de son Atlas Universel, qui vaut alors 600 francs. Il écrit à Michel Chevalier que cet atlas serait utile aux rédacteurs puisque la propagation de la doctrine doit s'étendre au monde entier (Lettre du 7 septembre 1831, Bibliothèque de l'Arsenal, Fonds Enfantin, n° 7607, f° 138). Nous ignorons quelle fut la réponse du Globe.
Vandermaelen publie également des outils pour la population : en 1832, un dictionnaire géographique de la province de Liège, premier d’une collection, ainsi qu’un annuaire industriel et administratif :
Etablissement géographique de M. Vandermaelen.
L’établissement géographique, fondé à Bruxelles, par M. Ph. Vandermaelen, est connu maintenant dans toutes les parties du monde civilisé, et c’est peut-être dans le pays, dans la ville même où il existe, qu’on connaît et apprécie le moins les services que cet établissement a déjà rendus, et doit rendre encore aux sciences.
Combien ne comptons-nous pas encore de Bruxellois qui tomberont de leur haut en apprenant sur quelle vaste échelle l’établissement géographique a été conçu, et quels résultats immenses en ont déjà été obtenus ?
Une correspondance scientifique établie et entretenue sur presque tous les points du globe; un institut gratuit où sont admis régulièrement 150 élèves auxquels on enseigne le dessin, la lithographie, les mathématiques et leur application ; des ateliers où sont occupés un nombre considérable d’ouvriers, voilà ce que comprend dans un aperçu sommaire l’entreprise de M. Vandermaelen.
Ce que cette entreprise a produit jusqu’à ce jour est d’une utilité inappréciable pour la géographie et la statistique.
Le bel Atlas Universel, connu maintenant sous la dénomination d’Atlas Vandermaelen, la nouvelle édition de la carte de la Belgique de Ferraris ne sont que des specimen des opérations effectuées ou près de l’être à l’établissement géographique.
Il vient de sortir tout nouvellement de cet établissement, deux volumes qui s’annoncent comme le commencement de deux opérations bien importantes.
Les premier est un dictionnaire géographique de la province de Liège, qui commence la collection des dictionnaires géographiques de toutes nos provinces que doit publier M. Vandermaelen.
Le second est un annuaire industriel et administratif de la province du Brabant, commençant également une série d’annuaires de la même espèce pour chacune de nos provinces.
Pour donner une idée exacte de chacune de ces entreprises, il nous suffira de dire ce que contient le dictionnaire géographique de la province de Liège et l’annuaire du Brabant.
Le dictionnaire, proprement dit, contient par ordre alphabétique les descriptions les plus détaillées sur chaque ville, village, hameau ou point géographique de quelqu’importance.
Comme appendice au dictionnaire se trouvent à la suite une description de toutes les cavernes à ossements fossiles, découvertes jusqu’à ce jour dans la province de Liège ; un tableau général des fossiles, rapportés aux terrains de la province auxquels ils sont propres. Un tableau de toutes les espèces minérales trouvées dans la même province ; l’ornithologie et l’entomologie de la même province, dressées d’après une nouvelle méthode scientifique ; des tableaux de toutes les routes et rivières, et enfin le budget général des revenus et moyens et les dépenses et besoins de la province de Liège, établi d’après l’exercice de 1831.
On conçoit que le même travail, reproduit pour chaque province du royaume avec les augmentations et modifications nécessaires, selon la constitution particulière de chaque province, formera un ouvrage des plus complets et des plus intéressans.
Nous ne devons pas omettre de dire que le dictionnaire géographique de la province de Liège, est précédé d’un mémorial sur l’établissement de M. Vandermaelen, dans lequel on trouve un exposé curieux de l’état actuel de cet établissement et de l’extension dont il est susceptible. M. Vandermaelen y donne aussi une idée des communications qu’il est parvenu à établir pour obtenir les renseignemens les plus exacts sur la géographie et la statistique de tous les pays. Il se contente de publier des extrait de la correspondance en diverses langues qu’il entretient avec les savans et les hommes marquans de toutes les contrées.
L’Annuaire industriel et administratif pour la province du Brabant, contient la liste générale des commerçans de Bruxelles, avec leur adresse ; les listes particulières des mêmes commerçans classés chacun selon son industrie et par ordre alphabétique ; la liste des principaux habitans de Bruxelles, la nomenclature de toutes les institutions et établissemens relatifs au commerce, avec les descriptions et explications nécessaires ; et le tableau de l’organisation administrative, civile et militaire du royaume.
On peut juger par ce que nous venons de dire de l’immense quantité de renseignemens qu’il a fallu recueillir avant de songer à entreprendre et la série de Dictionnaires géographiques et celle des Annuaires que commence à publier M. Vandermaelen. Mais la nature de ces entreprises et les soins consciencieux que l’on met à les exécuter, leur garantissent un succès propre à récompenser M. Vandermaelen de toutes ses peines (Le Courrier belge, 6 février 1832)
En 1832, il réédite, à grandeur égale et en lithographie, la Carte de Ferraris : Carte de la Belgique d'après Ferraris, augmenté des plans des six villes principales et et de l'indication des routes, canaux et autres travaux exécutés depuis 1777 jusqu'en 1831. 42 feuilles, Bruxelles, 1831-1832. Carte d’asssemblage légendée, 37 cartes détailles aux frontières coloriées, plans de Bruxelles, Anvers, Gand, Namur, Mons et Liège.
Ph. Vandermaelen, fondateur de l’établissement géographique de Bruxelles, auteur de l’atlas universel, etc., autorisé par S.M. à réclamer auprès des diverses administrations du royaume les renseignements géographiques nécessaire à la confection de son dictionnaire, s’empresse de témoigner sa gratitude à MM. les chefs d’administration qui ont bien voulu répondre à sa demande [...] (Courrier des Pays-Bas, 12 juillet 1830).
M. P. Vandermaelen vient de faire l’acquisition pour son musée d’un tronc d’arbre fossile découvert à environ vingt pieds sous terre, près de la nouvelle chaussée de Laeken. Jusqu’ici, on n’avait trouvé que des branches d’arbres qui, probablement ont flotté sur les eaux qui recouvraient ces contrées à l’époque de la formations des terrains tertiaires inférieurs. Nous devons ces données à l’excellent mémoire que M. Henri Galéotti, maintenant en excursion scientifique au Mexique, a écrit sur notre province (Le Courrier Belge, 5 avril 1833).
Il entame un atlas cadastral qui devait englober toutes les communes belges. De 1837 à 1847, le plan cadastral et la matrice de 137 communes du Brabant furent publiées.
En 1837, il est nommé membre des sociétés royales de statistique et de géographie de Londres (Le Courrier Belge, 2 février 1837).
Ses publications lui ont valu de nombreuses médailles, notamment à l'exposition des produits de l'industrie en 1841. Dans sa Notice sur l'établissement géographique national, publiée en 1843 Drapiez rappelle la distinction obtenue :
Extrait du rapport du jury et documents de l’exposition de l’industrie belge en 1841, page 264, section quatrième.
Lithographie
Les produits que la lithographie a présentés à l’exposition n’ont révélé aucun procédé nouveau ni pour le dessin, ni pour la gravure sur pierre, ni pour le tirage. Au reste cet art est parvenu au moins en ce qui concerne l’impression en noir, à un degré de perfection qui laisse peu à désirer.
Monsieur Philippe Vandermaelen, à Molenbeek-St-Jean lez-Bruxelles, a exposé sous le N° 212 une carte de la province de Hainaut en quatre feuilles sur 120 centimètres de hauteur et 160 de largeur, et une mappemondde de 2 mètres 50 centimètres de circonférence [...] Le jury lui décerne la médaille d’or.
Dans la même notice, Drapiez présente (p. 83) les personnes formées dans l'établissement
Parmi le grand nombre d’élèves qui ont été formés à l’établissement, on nous a cité :
MM. Jusseret, ancien chef du bureau des constructeurs-géographes de l’Établissement, auteur de l’atlas historique de la Belgique.
Charles, lithographe,
Bulens, idem.
Wautier, ex-professeur de mathématiques à l’Établissement, actuellement répétiteur à l’école militaire.
Galeotti, naturaliste-voyageur et dont il a été question plus haut (p. 37 auteur d’un tableau de géologie élémentaire, séjour de 5 ans au Mexique).
Doms, graveur-lithographe et chef des graveurs.
De Keyser et Renaud, dessinateurs
Deyrolle, préparateur, et Gédéon Crabbe, jardinier (ont séjourné 16 mois au Mexique).
Il publie une Carte Topographique de la Belgique au 1/20.000e (1846-1854).
L'établissement publie également des documents en fonction de l'actualité :
M. Philippe Vandermaelen vient de faire paraître un plan dressé par M. Potenti, ingénieur italien, des lieux où s’est accompli l’événement du 8 juillet, sur le chemin de fer du Nord [catastrophe entre Valenciennes et Bruxelles, avant d’arriver au Roeulx] (Journal de Bruxelles, 16 juillet 1846).
En 1859, l'établissement géographique de Bruxelles publie la carte Théâtre de la Guerre. Prime offerte aux abonnés de l'Echo de Bruxelles.
Pendant plus d'un demi-siècle, les publications de Vandermaelen seront une source incontournables et servent de base à la plupart des grands projets de travaux publics belges (urbanisme, chemin de fer…).
Un faire-part de décès de Philippe Vandermaelen est conservé aux Archives de la Ville de Bruxelles.
Après la mort des deux frères, et malgré les efforts de Joseph Vandermaelen (1822-1864), le fils de Philippe, l'établissement est démantelé, car la lithographie est supplantée par la métallographie et les procédés photomécaniques. En 1878, les livres et les cartes géologiques sont vendues à l'État belge, et la bibliothèque royale reçoit deux ans plus tard un exemplaire de chacune des publications, soit plusieurs milliers de documents. Le reste est dispersé.
Adresses : Rue du Boulet <1825> ; Faubourg de Molenbeek (sur la rive gauche du canal de Charleroi, "près et hors la Porte de Flandre", Chaussée de Gand). La mortuaire de Philippe Vandermaelen est Chaussée de Gand, 13.
Annuaire : Tarlier, 1851 (publicité, p. 744).
Bibliographie : Biographie générale des belge morts ou vivants, Bruxelles, G. Deroovers, 1850, p. 142 ; Houzeau, Jean-Charles, Notice sur Philippe Vandermaelen dans Annuaire de l'Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 1873, p. 109-147 ; Catalogue de la bibliothèque et des collections scientifiques, etc. de l'Etablissement géographique à Bruxelles dont la vente publique aura lieu le mardi 16 novembre 1880 et neuf jours suivants, à 6 heures de relevée, sous la direction et au domicile de A. Bluff, Bruxelles, Bluff, 1880 ; De Seyn, t. 2, p. 1027 (avec portrait), Tulippe, Omer, Philippe Vandermaelen, cartographe et géographe (1795-1869) dans Florilège des Sciences en Belgique pendant le XIXe et le début du XXe, Académie royale de Belgique, Classe des Sciences, 1968, p. 531-549 (portrait face à l page 531) ; Wellens-De Donder, Liliane (intr. Par Antoine De Smet), Philippe Vandermaelen 1795-1869, cat. exp., Bibliothèque royale Albert Ier, Bruxelles, 1969, Wellens-De Donder, Liliane, Inventaire du Fonds Philippe Vandermaelen conservé à la Bibliothèque royale Albert Ier à Bruxelles, 1972 (Publications du Centre national d'histoire des sciences), 1972 ; Renoy, p. 104-105 ; Bartier, John, Naissance du socialisme en Belgique : les saint-simoniens, Bruxelles, 1985, p. 47, note 102 ; Silvestre, Marguerite ; Fincoeur, Michel-Benoit ; avec la coll. scient. de Claire Chantrenne e.a. ; sous la dir. de Hossam Elkhadem, Inventaire raisonné des collections cartographiques Vandermaelen conservées à la Bibliothèque royale de Belgique (Monographies de la Bibliothèque royale Albert Ier. Série B), Bruxelles, Bibliothèque royale Albert Ier, 1994 ; Fincoeur, Michel B. & Silvestre, Marguerite, Au faubourg de la Flandre à Molenbeek, l'Établissement géographique de Bruxelles (1830-1880) dans Archives et bibliothèques de Belgique, 70, 1999, p. 191-226 ; Fincoeur, Michel B., Silvestre, Marguerite & Wanson, Isabelle, Bruxelles et le voûtement de la Senne, cat. exp., Bibliothèque royale Albert Ier, 15 décembre 2000 - 18 février 2001, p. 52-53 ; Fincoeur, Michel & Silvestre, Marguerite, L'Etablissement géographique de Philippe Vandermaelen dans Molenbecca, Cercle d'histoire locale, a.s.b.l., n° 6, avril 2002, p. 4 ; Huvelle, Philippe, Quand la cartographie rimait avec la lithographie dans Wavriensia, tome LII, 2003, n° 1, p. 2 ; Henri Godts, Vente 21 avril 2009, Hôtel de vente Horta, cat. n° 264 (réédition lithographiée de la carte de Ferraris, 1832, 4e et dernier tirage avec les premières voies ferroviaires = ElKhadem, I 3/4).